Les candidats aux concours sont en général très inquiets, pour ne pas dire angoissés, à la perspective de l’épreuve orale.

La construction d’un exposé convaincant, la nécessité de répondre à des questions qui peuvent être très diverses et parfois déstabilisantes, la peur de ne pas savoir se tirer d’une mise en situation professionnelle : autant d’éléments qui alimentent leurs angoisses.

Les quelques lignes qui suivent visent à montrer, à la lumière de l’expérience acquise au fil des formations, comment de « bonnes pratiques » peuvent relativiser la difficulté de l’exercice, et permettre de l’aborder avec un minimum de sérénité.

L'importance de l'entraînement

On ne le répétera jamais assez : il est impératif de s’entraîner en amont de l’épreuve. Des candidats me disent régulièrement qu’ils ont passé l’oral, l’année précédente, sans aucune préparation – ni formation ARRC, ni oral blanc avec la hiérarchie et/ou les collègues –, et que leur prestation a souffert de cette improvisation (ce qui est une manière pudique de dire qu’ils n’ont pas été reçus !).

Il est capital de s’être entraîné pour les deux parties de l’épreuve, qui constituent deux exercices bien spécifiques. J’ai souvent remarqué que certains candidats se sentaient à l’aise dans le « monologue », beaucoup moins dans le dialogue. D’autres, à l’inverse, se montrent beaucoup plus vivants et convaincants quand on leur pose des questions et qu’un ping-pong s’installe avec le jury. Or un candidat est jugé sur sa capacité à maîtriser également ces deux modalités de communication bien différentes. C’est l’image globale de la prestation qui va convaincre ou non les membres du jury.

La préparation de l'exposé

L’exposé doit être soigneusement préparé, mais pas pour autant rédigé mot à mot. Je me permettrai d’insister sur ce point. Le risque d’une rédaction trop méticuleuse, et en un sens trop « parfaite », est double.

Les dangers d'un exposé trop rédigé

  • Apprendre par cœur : Le propos sera forcément appris par cœur, ce qui mettra le candidat en situation de non-communication. La peur d’oublier un mot-clé ou une formule capitale se traduira immanquablement par un repli sur soi et un manque d’attention aux interlocuteurs. Ce premier temps de l’épreuve, même s’il s’agit d’un monologue, est un dialogue virtuel, au cours duquel on doit donner envie aux membres du jury de revenir sur tel point, d’en savoir plus sur tel autre, d’approfondir telle séquence du parcours.
  • Refaire son rapport : L’exposé récité risque de ressembler à un RAEP-bis, ce qui n’est pas l’objectif. Il faut montrer au jury qu’on a compris la spécificité de l’exercice par rapport au document écrit. Il est d’ailleurs bon, de ce point de vue, d’envoyer au jury des signaux en ce sens :

« Je voudrais développer ici un point que j’ai seulement effleuré dans mon rapport »
« J’ai développé ce point dans mon dossier, je n’y reviendrai donc pas »

L’exposé doit obéir à une dynamique de conviction et de valorisation du parcours.

Qu’il se déroule en cinq ou en dix minutes, il doit être « punchy ». Le candidat doit emporter la conviction du jury : il n’est pas seulement là pour apporter des informations sur lui-même, mais pour convaincre qu’il possède toutes les qualités, les compétences, les atouts nécessaires à un changement de corps, de grade ou de poste. Trop de candidats se contentent de décrire, d’évoquer ou de raconter, oubliant de ce fait la dimension argumentative de l’exercice.

La préparation de l'entretien

L’entretien proprement dit avec le jury, dont la durée peut également varier selon les concours, doit faire l’objet, lui aussi, d’une préparation soigneuse.

Deux axes de préparation

  • Travail de « bachotage » : Le mot n’est pas très agréable, mais il est difficilement contournable. J’ai eu souvent l’occasion de constater que des candidats au parcours très convaincant étaient mis en difficulté par des questions relatives à la politique de leur ministère ou à la fonction publique en général. Une ignorance ponctuelle peut être tolérée par les membres du jury, deux ou trois d’affilée risquent d’être rédhibitoires. Tous les rapports de jury insistent sur ce fait : même si l’entretien n’est pas un « contrôle de connaissances » de type scolaire ou universitaire, l’absence de connaissances – qui revient, en l’occurrence, à une absence d’intérêt et d’implication – est difficilement pardonnable. Tout comme l’est, pour les concours de catégorie A et B, l’absence de hauteur de vue sur l’environnement professionnel quotidien : une bonne perception des missions globales, des stratégies et des enjeux est nécessaire.
  • Anticipation des questions managériales ou portant sur l’organisation du travail : Naturellement, on ne peut pas anticiper toutes les questions. Mais il y a, depuis quelques années, des « classiques » qui reviennent de façon très récurrente, et qu’il ne faut pas avoir l’air de découvrir au moment de l’oral. Par exemple : « Qu’attendez-vous d’un N+1 ? » Tous concours confondus, si j’en juge par les retours des candidats, cette question est revenue à de nombreuses reprises depuis 2020. La préparer, c’est se donner les moyens de ne pas tomber dans des banalités dont les jurys se plaignent souvent (« J’attends d’un manager qu’il soit à l’écoute »), et de faire le point sur ses propres exigences.

De la même façon, il faut travailler (au besoin avec une feuille et un stylo) les questions de mise en situation. Elles effraient souvent les candidats, mais une fois de plus, la préparation permettra de les affronter, même celles qui a priori semblent délicates, voire désarmantes. Il faut savoir que les jurys n’attendent pas de baguette magique ou de solution miraculeuse, mais une analyse de la situation proposée, et une capacité à « travailler » sur les données fournies, avec une prise de décision in fine.

Prudence et fermeté doivent être conjuguées dans les réponses à ces questions.

Conclusion

Je terminerai par cette boutade du président d’un jury auquel j’avais participé jadis, et qu’il avait glissée entre deux candidats :

« Au fond, nous notons notre propre degré de confort »

Sous couvert d’humour, c’est entièrement vrai. Plus les candidats facilitent le travail d’appropriation de l’exposé par le jury, plus ils apportent de « matière » où greffer leurs questions, plus ils font en sorte que la réponse à une question amène en toute fluidité une autre question, plus la note s’en ressent. Il faut se mettre à la place du jury : voir se succéder huit ou neuf candidats dans la journée est parfois fastidieux, et donc tout doit être mis en œuvre pour dynamiser les 20, 25 ou 30 minutes que dure l’épreuve.

Objectif, donc : tonus global de la prestation !

A propos de l'auteur

Pierre MARI

Pierre MARI

J’ai animé des sessions de formation dans des banques durant plusieurs années (culture générale, communication écrite et orale), et plus particulièrement à la Banque de France (préparation aux concours d’encadrement). J’ai eu également l’occasion d’intervenir pour le CNFPT, dans le cadre de formations destinées aux bibliothécaires.

J’interviens régulièrement pour ARRC depuis 2019, dans le cadre de la préparation des candidats au dossier RAEP et à l’épreuve d’entretien avec le jury.